La culture

Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
Voir les Ă©tapes

Changements Ă OAA "

SĂ©lectionner le mode de vue :

Titre

  • +OAA
  • +OAA
Suppressions
Ajouts
Suppressions
Ajouts
  • +OAA

Corps du texte

  • +"26 novembre 2030, 20h42, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis bien longtemps. Les crises successives n’ont pu ni la maintenir en Ă©tat de marche, ni la dĂ©manteler. Alors elle reste lĂ , avec ses tuyaux torturĂ©s et funestes. Des archives Ă  ciel ouvert, qui nous parlent un autre langage, celui d’une autre Ă©poque. L’époque du pĂ©trole, ce sang de la Terre, qui coule dans ses veines depuis 350 millions d’annĂ©es. Un sang noir, et prĂ©cieux, bu âprement jusqu’à la dernière goutte. Un Ă©lixir qui rendait fou."
  • +
  • +La Voix s’arrĂŞte. Des silhouettes, vĂŞtues d’une combinaison et d’une cagoule noires, apparaissent silencieusement dans la pĂ©nombre. Elles s’approchent. Elles glissent au sol, tressaillent, rebondissent, se mĂŞlent, avec souplesse. Jeremy frissonne. C’est de la danse. On entend juste leur respiration, et le frottement de leurs dĂ©placements. L’une d’elle frĂ´le la main de Jeremy, l’invitant Ă  la suivre. Il distingue mal les autres personnes dans cet endroit peuplĂ© de ruines mĂ©talliques. Il voit d’autres personnes se laisser emporter par ces crĂ©atures. Il accepte l’invitation.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 20h53, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis trop longtemps. Comme une tombe. Une tombe sans fleurs qu’on ne veut plus regarder. Tient-on encore Ă  la Vie ici ?"
  • +
  • +"Tiens-tu encore Ă  la Vie, Jeremy ?" lui chuchote la crĂ©ature qui l’accompagne. Il sursaute. Comment sait-elle son prĂ©nom ?
  • +
  • +"Euh, oui, oui, bien sĂ»r..." bredouille-t-il, dĂ©contenancĂ©, "Je suis mĂŞme lĂ  pour ça !"
  • +
  • +Des petits cliquetis rĂ©sonnent dans la salle, d’abord lentement, alĂ©atoires, Ă  droite, Ă  gauche, lĂ , en haut, Ă  cĂ´tĂ©. Et puis peu Ă  peu, ils s’agencent, s’articulent, prennent forme, dans un rythme doux et agrĂ©able, soutenant. Comme un coeur qui bat, de la lumière apparaĂ®t grâce Ă  l’énergie cinĂ©tique dĂ©gagĂ©e par ces mouvements de percussion sur les tuyaux.
  • +
  • +La crĂ©ature lui a donnĂ© une bougie. Jeremy l’allume. D’autres visages, plus loin, s’éclairent eux aussi. Ils sont 10, 15, 30...50, 100 peut-ĂŞtre ? La salle est immense. Les danseurs se rassemblent, leurs corps, de toute tailles, de toutes formes, s’enchevĂŞtrent avec poĂ©sie. Chacun Ă©met des sons diffĂ©rents, crĂ©ant une nappe sonore Ă©trange et belle.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 21h06, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Ici ont vĂ©cu, travaillĂ©, souffert, exultĂ© des hommes et des femmes. Ici, cet ici, ils l’ont aimĂ©, dĂ©testĂ©, ils ont fait avec. Ils l’ont fait tourner, ils l’ont rĂ©parĂ©, maintenu, investi, abandonnĂ©. Ces hommes, ces femmes, Ă©taient peut-ĂŞtre vos parents, vos grands-parents, vos oncles, vos tantes, vos amis, vos frères, vos soeurs, vos ennemis. Ou juste des gens. Des gens sans qui les bouleversements des dernières dĂ©cennies n’auraient pas eu lieu. Des gens sans qui nous ne serions pas ici. Des gens sans qui...., des gens sans qui..., des gens sans qui....."
  • +
  • +Le choeur des danseurs reprend, et scande : "Des gens sans qui...., des gens sans qui....des gens sans qui...". Ils se dispersent auprès des spectateurs.
  • +
  • +"Jeremy, des gens sans qui.... ? Sans qui .... quoi ?"
  • +
  • +"Des gens sans qui.... des gens sans qui j’aurais pas compris. J’aurais pas compris la valeur du vivant, j’aurais pas compris qu’il fallait changer, que tout ça n’était pas soutenable. J’aurais aimĂ© naĂ®tre avant, pour pouvoir changer le cours des choses...."
  • +
  • +La crĂ©ature alors l’invite Ă  s’exprimer par d’autres voies : il y a dans la salle de la peinture, des lumières, de quoi Ă©crire, des costumes, des objets, des outils, des instruments, un vaste fouillis de mille choses. Peu Ă  peu, tout s’anime, et tout se crĂ©e, et tout retentit, et tout s’éclaire, et tout vibre de la crĂ©ation multiple en train de se faire. Spectateurs, danseurs, chanteurs, narrateurs, tous acteurs.
  • +
  • +"26 novembre 2042, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Il y avait ici, il y a bien longtemps, une raffinerie.... Et aujourd’hui ?"
  • +
  • +Les danseurs enlèvent leurs cagoules, certains prennent des instruments de musique, et sur une musique que tous connaissent, chacun chante ses souhaits pour le futur. Ils incitent les autres Ă  faire de mĂŞme. Jeremy reconnaĂ®t alors la "crĂ©ature" qui l’a accompagnĂ© : c’est sa grande copine Miri, c’est pour ça qu’elle connaissait son prĂ©nom !
  • +
  • +En profitant des boissons et mets que chacun a apportĂ©, dans le tintamarre joyeux de cette fin de soirĂ©e, au milieu de ces centaines de personnes, Jeremy se sent heureux. Il est heureux de sa première expĂ©rience de Théâtre RĂ©gĂ©nĂ©rateur. Heureux d’avoir participĂ© au crowdfunding quelques mois auparavant pour faire venir metamorfilm, l’OAA (Organisation Artistique AugmentĂ©e) de Juliet et Nathalie, spĂ©cialisĂ©e dans la rĂ©gĂ©nĂ©ration des lieux de l’ancienne modernitĂ©. Il est heureux d’avoir choisi le rĂ´le de spectateur. Miri, elle, avait choisi le rĂ´le d’actrice, et avait participĂ© en amont aux ateliers de crĂ©ation de la performance. D’autres avaient choisi le rĂ´le d’organisateurs, de rĂ©gisseurs, de communicants, ou autres. Bref, il y avait des rĂ´les pour tout le monde, et chacun avait contribuĂ© financièrement pour concrĂ©tiser cet Ă©lan collectif de rĂ©gĂ©nĂ©ration de cette horrible raffinerie dĂ©labrĂ©e. La performance ne s’arrĂŞtait pas lĂ  : pour ceux qui le souhaitaient, pour les six mois Ă  venir, metamorfilm concevait et facilitait de nombreuses rencontres en intelligence collective, en prĂ©sentiel et en ligne, afin de mettre en commun ces souhaits pour le futur du lieu. Mais pas que. L’idĂ©e Ă©tait que ces souhaits deviennent concrets, sous formes de prototypes comme autant de microcosmes vivants, pour le rĂ©aliser en vrai, le futur.
  • +
  • +JĂ©rĂ©my Albet, Juliette Guignard, Nathalie Menet
  • +"26 novembre 2030, 20h42, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis bien longtemps. Les crises successives n’ont pu ni la maintenir en Ă©tat de marche, ni la dĂ©manteler. Alors elle reste lĂ , avec ses tuyaux torturĂ©s et funestes. Des archives Ă  ciel ouvert, qui nous parlent un autre langage, celui d’une autre Ă©poque. L’époque du pĂ©trole, ce sang de la Terre, qui coule dans ses veines depuis 350 millions d’annĂ©es. Un sang noir, et prĂ©cieux, bu âprement jusqu’à la dernière goutte. Un Ă©lixir qui rendait fou."
  • +
  • +La Voix s’arrĂŞte. Des silhouettes, vĂŞtues d’une combinaison et d’une cagoule noires, apparaissent silencieusement dans la pĂ©nombre. Elles s’approchent. Elles glissent au sol, tressaillent, rebondissent, se mĂŞlent, avec souplesse. Jeremy frissonne. C’est de la danse. On entend juste leur respiration, et le frottement de leurs dĂ©placements. L’une d’elle frĂ´le la main de Jeremy, l’invitant Ă  la suivre. Il distingue mal les autres personnes dans cet endroit peuplĂ© de ruines mĂ©talliques. Il voit d’autres personnes se laisser emporter par ces crĂ©atures. Il accepte l’invitation.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 20h53, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis trop longtemps. Comme une tombe. Une tombe sans fleurs qu’on ne veut plus regarder. Tient-on encore Ă  la Vie ici ?"
  • +
  • +"Tiens-tu encore Ă  la Vie, Jeremy ?" lui chuchote la crĂ©ature qui l’accompagne. Il sursaute. Comment sait-elle son prĂ©nom ?
  • +
  • +"Euh, oui, oui, bien sĂ»r..." bredouille-t-il, dĂ©contenancĂ©, "Je suis mĂŞme lĂ  pour ça !"
  • +
  • +Des petits cliquetis rĂ©sonnent dans la salle, d’abord lentement, alĂ©atoires, Ă  droite, Ă  gauche, lĂ , en haut, Ă  cĂ´tĂ©. Et puis peu Ă  peu, ils s’agencent, s’articulent, prennent forme, dans un rythme doux et agrĂ©able, soutenant. Comme un coeur qui bat, de la lumière apparaĂ®t grâce Ă  l’énergie cinĂ©tique dĂ©gagĂ©e par ces mouvements de percussion sur les tuyaux.
  • +
  • +La crĂ©ature lui a donnĂ© une bougie. Jeremy l’allume. D’autres visages, plus loin, s’éclairent eux aussi. Ils sont 10, 15, 30...50, 100 peut-ĂŞtre ? La salle est immense. Les danseurs se rassemblent, leurs corps, de toute tailles, de toutes formes, s’enchevĂŞtrent avec poĂ©sie. Chacun Ă©met des sons diffĂ©rents, crĂ©ant une nappe sonore Ă©trange et belle.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 21h06, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Ici ont vĂ©cu, travaillĂ©, souffert, exultĂ© des hommes et des femmes. Ici, cet ici, ils l’ont aimĂ©, dĂ©testĂ©, ils ont fait avec. Ils l’ont fait tourner, ils l’ont rĂ©parĂ©, maintenu, investi, abandonnĂ©. Ces hommes, ces femmes, Ă©taient peut-ĂŞtre vos parents, vos grands-parents, vos oncles, vos tantes, vos amis, vos frères, vos soeurs, vos ennemis. Ou juste des gens. Des gens sans qui les bouleversements des dernières dĂ©cennies n’auraient pas eu lieu. Des gens sans qui nous ne serions pas ici. Des gens sans qui...., des gens sans qui..., des gens sans qui....."
  • +
  • +Le choeur des danseurs reprend, et scande : "Des gens sans qui...., des gens sans qui....des gens sans qui...". Ils se dispersent auprès des spectateurs.
  • +
  • +"Jeremy, des gens sans qui.... ? Sans qui .... quoi ?"
  • +
  • +"Des gens sans qui.... des gens sans qui j’aurais pas compris. J’aurais pas compris la valeur du vivant, j’aurais pas compris qu’il fallait changer, que tout ça n’était pas soutenable. J’aurais aimĂ© naĂ®tre avant, pour pouvoir changer le cours des choses...."
  • +
  • +La crĂ©ature alors l’invite Ă  s’exprimer par d’autres voies : il y a dans la salle de la peinture, des lumières, de quoi Ă©crire, des costumes, des objets, des outils, des instruments, un vaste fouillis de mille choses. Peu Ă  peu, tout s’anime, et tout se crĂ©e, et tout retentit, et tout s’éclaire, et tout vibre de la crĂ©ation multiple en train de se faire. Spectateurs, danseurs, chanteurs, narrateurs, tous acteurs.
  • +
  • +"26 novembre 2042, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Il y avait ici, il y a bien longtemps, une raffinerie.... Et aujourd’hui ?"
  • +
  • +Les danseurs enlèvent leurs cagoules, certains prennent des instruments de musique, et sur une musique que tous connaissent, chacun chante ses souhaits pour le futur. Ils incitent les autres Ă  faire de mĂŞme. Jeremy reconnaĂ®t alors la "crĂ©ature" qui l’a accompagnĂ© : c’est sa grande copine Miri, c’est pour ça qu’elle connaissait son prĂ©nom !
  • +
  • +En profitant des boissons et mets que chacun a apportĂ©, dans le tintamarre joyeux de cette fin de soirĂ©e, au milieu de ces centaines de personnes, Jeremy se sent heureux. Il est heureux de sa première expĂ©rience de Théâtre RĂ©gĂ©nĂ©rateur. Heureux d’avoir participĂ© au crowdfunding quelques mois auparavant pour faire venir metamorfilm, l’OAA (Organisation Artistique AugmentĂ©e) de Juliet et Nathalie, spĂ©cialisĂ©e dans la rĂ©gĂ©nĂ©ration des lieux de l’ancienne modernitĂ©. Il est heureux d’avoir choisi le rĂ´le de spectateur. Miri, elle, avait choisi le rĂ´le d’actrice, et avait participĂ© en amont aux ateliers de crĂ©ation de la performance. D’autres avaient choisi le rĂ´le d’organisateurs, de rĂ©gisseurs, de communicants, ou autres. Bref, il y avait des rĂ´les pour tout le monde, et chacun avait contribuĂ© financièrement pour concrĂ©tiser cet Ă©lan collectif de rĂ©gĂ©nĂ©ration de cette horrible raffinerie dĂ©labrĂ©e. La performance ne s’arrĂŞtait pas lĂ  : pour ceux qui le souhaitaient, pour les six mois Ă  venir, metamorfilm concevait et facilitait de nombreuses rencontres en intelligence collective, en prĂ©sentiel et en ligne, afin de mettre en commun ces souhaits pour le futur du lieu. Mais pas que. L’idĂ©e Ă©tait que ces souhaits deviennent concrets, sous formes de prototypes comme autant de microcosmes vivants, pour le rĂ©aliser en vrai, le futur.
  • +
  • +JĂ©rĂ©my Albet, Juliette Guignard, Nathalie Menet
Suppressions
Ajouts
Suppressions
Ajouts
  • +"26 novembre 2030, 20h42, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis bien longtemps. Les crises successives n’ont pu ni la maintenir en Ă©tat de marche, ni la dĂ©manteler. Alors elle reste lĂ , avec ses tuyaux torturĂ©s et funestes. Des archives Ă  ciel ouvert, qui nous parlent un autre langage, celui d’une autre Ă©poque. L’époque du pĂ©trole, ce sang de la Terre, qui coule dans ses veines depuis 350 millions d’annĂ©es. Un sang noir, et prĂ©cieux, bu âprement jusqu’à la dernière goutte. Un Ă©lixir qui rendait fou."
  • +
  • +La Voix s’arrĂŞte. Des silhouettes, vĂŞtues d’une combinaison et d’une cagoule noires, apparaissent silencieusement dans la pĂ©nombre. Elles s’approchent. Elles glissent au sol, tressaillent, rebondissent, se mĂŞlent, avec souplesse. Jeremy frissonne. C’est de la danse. On entend juste leur respiration, et le frottement de leurs dĂ©placements. L’une d’elle frĂ´le la main de Jeremy, l’invitant Ă  la suivre. Il distingue mal les autres personnes dans cet endroit peuplĂ© de ruines mĂ©talliques. Il voit d’autres personnes se laisser emporter par ces crĂ©atures. Il accepte l’invitation.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 20h53, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. L’ancienne raffinerie est muette depuis trop longtemps. Comme une tombe. Une tombe sans fleurs qu’on ne veut plus regarder. Tient-on encore Ă  la Vie ici ?"
  • +
  • +"Tiens-tu encore Ă  la Vie, Jeremy ?" lui chuchote la crĂ©ature qui l’accompagne. Il sursaute. Comment sait-elle son prĂ©nom ?
  • +
  • +"Euh, oui, oui, bien sĂ»r..." bredouille-t-il, dĂ©contenancĂ©, "Je suis mĂŞme lĂ  pour ça !"
  • +
  • +Des petits cliquetis rĂ©sonnent dans la salle, d’abord lentement, alĂ©atoires, Ă  droite, Ă  gauche, lĂ , en haut, Ă  cĂ´tĂ©. Et puis peu Ă  peu, ils s’agencent, s’articulent, prennent forme, dans un rythme doux et agrĂ©able, soutenant. Comme un coeur qui bat, de la lumière apparaĂ®t grâce Ă  l’énergie cinĂ©tique dĂ©gagĂ©e par ces mouvements de percussion sur les tuyaux.
  • +
  • +La crĂ©ature lui a donnĂ© une bougie. Jeremy l’allume. D’autres visages, plus loin, s’éclairent eux aussi. Ils sont 10, 15, 30...50, 100 peut-ĂŞtre ? La salle est immense. Les danseurs se rassemblent, leurs corps, de toute tailles, de toutes formes, s’enchevĂŞtrent avec poĂ©sie. Chacun Ă©met des sons diffĂ©rents, crĂ©ant une nappe sonore Ă©trange et belle.
  • +
  • +"26 novembre 2030, 21h06, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Ici ont vĂ©cu, travaillĂ©, souffert, exultĂ© des hommes et des femmes. Ici, cet ici, ils l’ont aimĂ©, dĂ©testĂ©, ils ont fait avec. Ils l’ont fait tourner, ils l’ont rĂ©parĂ©, maintenu, investi, abandonnĂ©. Ces hommes, ces femmes, Ă©taient peut-ĂŞtre vos parents, vos grands-parents, vos oncles, vos tantes, vos amis, vos frères, vos soeurs, vos ennemis. Ou juste des gens. Des gens sans qui les bouleversements des dernières dĂ©cennies n’auraient pas eu lieu. Des gens sans qui nous ne serions pas ici. Des gens sans qui...., des gens sans qui..., des gens sans qui....."
  • +
  • +Le choeur des danseurs reprend, et scande : "Des gens sans qui...., des gens sans qui....des gens sans qui...". Ils se dispersent auprès des spectateurs.
  • +
  • +"Jeremy, des gens sans qui.... ? Sans qui .... quoi ?"
  • +
  • +"Des gens sans qui.... des gens sans qui j’aurais pas compris. J’aurais pas compris la valeur du vivant, j’aurais pas compris qu’il fallait changer, que tout ça n’était pas soutenable. J’aurais aimĂ© naĂ®tre avant, pour pouvoir changer le cours des choses...."
  • +
  • +La crĂ©ature alors l’invite Ă  s’exprimer par d’autres voies : il y a dans la salle de la peinture, des lumières, de quoi Ă©crire, des costumes, des objets, des outils, des instruments, un vaste fouillis de mille choses. Peu Ă  peu, tout s’anime, et tout se crĂ©e, et tout retentit, et tout s’éclaire, et tout vibre de la crĂ©ation multiple en train de se faire. Spectateurs, danseurs, chanteurs, narrateurs, tous acteurs.
  • +
  • +"26 novembre 2042, 47° 19′ 27″ nord, 2° 04′ 30″ ouest. Donges, France. Il y avait ici, il y a bien longtemps, une raffinerie.... Et aujourd’hui ?"
  • +
  • +Les danseurs enlèvent leurs cagoules, certains prennent des instruments de musique, et sur une musique que tous connaissent, chacun chante ses souhaits pour le futur. Ils incitent les autres Ă  faire de mĂŞme. Jeremy reconnaĂ®t alors la "crĂ©ature" qui l’a accompagnĂ© : c’est sa grande copine Miri, c’est pour ça qu’elle connaissait son prĂ©nom !
  • +
  • +En profitant des boissons et mets que chacun a apportĂ©, dans le tintamarre joyeux de cette fin de soirĂ©e, au milieu de ces centaines de personnes, Jeremy se sent heureux. Il est heureux de sa première expĂ©rience de Théâtre RĂ©gĂ©nĂ©rateur. Heureux d’avoir participĂ© au crowdfunding quelques mois auparavant pour faire venir metamorfilm, l’OAA (Organisation Artistique AugmentĂ©e) de Juliet et Nathalie, spĂ©cialisĂ©e dans la rĂ©gĂ©nĂ©ration des lieux de l’ancienne modernitĂ©. Il est heureux d’avoir choisi le rĂ´le de spectateur. Miri, elle, avait choisi le rĂ´le d’actrice, et avait participĂ© en amont aux ateliers de crĂ©ation de la performance. D’autres avaient choisi le rĂ´le d’organisateurs, de rĂ©gisseurs, de communicants, ou autres. Bref, il y avait des rĂ´les pour tout le monde, et chacun avait contribuĂ© financièrement pour concrĂ©tiser cet Ă©lan collectif de rĂ©gĂ©nĂ©ration de cette horrible raffinerie dĂ©labrĂ©e. La performance ne s’arrĂŞtait pas lĂ  : pour ceux qui le souhaitaient, pour les six mois Ă  venir, metamorfilm concevait et facilitait de nombreuses rencontres en intelligence collective, en prĂ©sentiel et en ligne, afin de mettre en commun ces souhaits pour le futur du lieu. Mais pas que. L’idĂ©e Ă©tait que ces souhaits deviennent concrets, sous formes de prototypes comme autant de microcosmes vivants, pour le rĂ©aliser en vrai, le futur.
  • +
  • +JĂ©rĂ©my Albet, Juliette Guignard, Nathalie Menet
Auteur de la version
author-avatar Samuel Capitant
Version créée le 17/12/2021 12:47