Les pieds dans l'eau

Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
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On a rêvé d’un EAUtre monde #paris

16/12/2021 16:18  

32 mars 2055, nous partageons une bouteille d’eau de pluie pour célébrer l’accord biosphérique sur l’utilisation harmonieuse et soutenable de la « machine à pluie ». Celle-ci est révolutionnaire, elle garantit un accès équitable à la pluie pour l’ensemble du vivant. Quand je dis « nous », je veux dire mon ami l’Océan Atlantique, membre émérite du « parlEAUment » aquatique depuis 10 ans et moi-même, Nila, représentante élue du fleuve « Niger » et de tous ses biocitoyens. La session sous-marine a duré plusieurs jours, nous ne percevions ni le jour, ni la nuit ; j’ai même dû changer 4 fois d’exosquelette pour supporter l’ivresse que l’on ressent à cette profondeur, et ainsi tenir mon rôle de rapporteur d’un texte qui va changer le cours de l’histoire du continent africain. - J’ai bien aimé ton intervention Océan (NDLR : depuis 5 ans, un traducteur nous permet d’analyser et traduire les vibrations aquatiques pour échanger avec l’eau. Larmes comprises), grâce à toi, tous les fleuves et océans du continent ont accepté de mettre à disposition leur eau pour alimenter cette machine de paix. - Nilo, cela fait des siècles que j’attends ça, il était temps qu’on arrive à se comprendre. Pourtant je vous avais envoyé des vagues de plus en plus hautes pour tenter de vous alerter ! - Océan mon ami, on trinque ? Tu reprendras bien un peu d’eau de pluie ? - Tu sais bien que je ne supporte pas bien l’eau sans sel, ça m’ébouriffe l’écume et me provoque des tsunamis. - Oh c’est so 2018 comme blague. Alexandra, Ornella, Alban et Thomas =================================================== Depuis le Bright mirror du 09/01, le texte que nous avons publié avec mes trois comparses (Ornella, Thomas et Alexandra) résonne en moi avec un écho de plus en plus insistant. Répondant enfin à cet appel, je poste ci-dessous une version développée du texte original. J'ai déjà envie de poursuivre l'expérience ... Alban « Un EAUtre monde est donc possible » 32 mars 2055, nous partageons une bouteille d’eau de pluie pour célébrer l’accord continental devant garantir l’utilisation harmonieuse et soutenable de la « machine à pluie ». Dis comme ça, ça n’a l’air de rien ou plus exactement d’un enchaînement de mots forgé dans le bois vermoulu de la banalité et pas n’importe quelle banalité, cette banalité qui vous afflige tant elle semble justement incarner la quintessence de la banalité... Or, et c’est là le plus important, cette « machine à pluie » change purement et simplement le cours de l’Histoire dans la mesure où elle garantit un accès à l’eau pour l’ensemble du vivant africain. Avant de revenir sur notre verre d’eau de l’amitié, petit retour arrière : depuis plus de deux siècles, l’eau est un enjeu en Afrique, pour l’Afrique, de l’Afrique ; presque une question de vie ou de mort – et force est de constater, avec une lucidité navrée, que la mort a trop souvent joué des coudes pour voler la vedette à la vie. D’abord donc, il a fallu trouver une solution au manque d’eau, la rareté étant ici, sans mauvais jeu de mot, une source intarissable de conflits - tant de haute que de basse intensité comme disent les « experts » pour décrire avec un cynisme (involontaire ?) les montagnes russes du meurtre et de l’horreur. C’est dans ce contexte – je sais, je passe sur bons nombres de détails qui n’en sont pas avec un sens douteux de l’ellipse - qu’une équipe d’ingénieurs réussit à mettre au point, après moult tâtonnements les faisant osciller de l’abattement total à la joie extatique, une machine permettant de produire de la pluie sur commande en quantité presque infinie sans impact sur l’environnement : incroyable invention qui redistribuait les cartes à tous les niveaux. Pour que le cadeau ne soit pas empoisonné, il fallait rapidement définir les règles d’utilisation de cette machine. C’est ce à quoi nous sommes parvenus avec l’accord historique dont il est question dès la première ligne de ce texte. Revenons maintenant à cette bouteille d’eau de pluie que nous partagions dans l’allégresse la plus totale. Pour faire rapidement les présentations, quand je dis « nous », je veux dire mon ami l’Océan Atlantique, en personne, membre émérite du « parlEAUment » aquatique depuis 10 ans et moi-même, Nila, représentante élue du fleuve « Niger » et de tous les biocitoyens dépendant de ses « eaux » pour exister, subsister, se développer. Océan et moi-même siégeons donc dans ce parlEAUment, agora d’un nouveau genre, enceinte des vivants, assemblée du vivant qui, rompant avec l’idée fallacieuse de « l’Homme dans la nature », incarne aujourd’hui avec vigueur le réel de « terrestres parmi les terrestres ». La session sous-marine ayant permis la ratification de l’accord a duré plusieurs jours. Une expérience unique, nous ne percevions ni le jour, ni la nuit, le temps se dilatait, s’effritait dans cet univers liquide, fluide qui fait de l’instabilité le seul élément véritablement stable. Contrainte de changer 4 fois d’exosquelette pour supporter l’ivresse que l’on ressent avec force à plus de 18km de profondeur, j’ai pu néanmoins tenir mon rôle de rapporteur d’un texte après lequel rien ne sera plus jamais comme avant. - J’ai adoré ton intervention, Océan (NDLR : depuis 5 ans, un traducteur nous permet d’analyser et traduire les vibrations aquatiques pour échanger avec l’eau. Débits, courants, vagues, lames de fond, variation de température, tous ces éléments composent maintenant un poème polyphonique qu’il est possible de comprendre rendant enfin possible l’échange, la conversation, le débat entre terrestres). Grâce à toi, tous les fleuves et océans du continent ont accepté de mettre à disposition leurs eaux pour alimenter cette machine de paix. Réussir à toucher les consciences et les cœurs comme tu l’as fait a sans doute permis d’accélérer les débats à un moment où les discussions s’enlisaient dans d’insignifiantes querelles qui nous éloignaient dangereusement de l’essentiel. - Nila, cela fait des siècles que j’attends ça, il était temps qu’on arrive à se comprendre. Mon discours, mes arguments sont affutés, je les travaille depuis si longtemps. Ce n’est pas faute d’avoir envoyé des vagues de plus en plus hautes pour tenter de vous alerter ! Je suis heureux d’avoir pu contribuer à cet accord, le succès est réel certes, mais tout commence aujourd’hui. - Océan, mon ami, on trinque ? Tu partageras bien un peu d’eau de pluie avec moi ? - Tu sais bien que je ne supporte pas bien l’eau sans sel, ça m’ébouriffe l’écume et me provoque des tsunamis. - Comme tu voudras, je bois pour deux alors…Enfin, non, je bois pour nous tous, multitude du vivant, fragile et réticulaire, enfin capable de donner à la démocratie un contenu écologique.

Alban

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Référence : BM-PROP-2021-12-495
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