Les pieds dans l'eau

Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
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Déclaration Universelle de l'être vivant

16/12/2021 15:49  

32 Mars 2055, nous partageons une bouteille d’eau de pluie pour célébrer ... …l’adoption à la majorité absolue des trois cent soixante-sept peuples de la planète, de la déclaration universelle des droits de l’être vivant ! Espérée par des milliers d’associations de l’homme, de l’animal et de la terre, rêvée par tous les vieux conspirateurs activistes depuis des décennies, priée par des millions d’hommes et de femmes de confessions hétéroclites, inspirée par des mouvements citoyens de tous les pays, relayée par les réseaux asociaux de tout code, influencée par la révolte des arbres des années quarante, par la croisade des animaux et des enfants du début de l’année, marquée par le Grand Réveil des artistes du monde, éblouie par les danses et les chants des dizaines de milliers de fidèles et de prêtres lors du festival annuel d’Osun-Osugbo, acculée par les tremblements, les éternuements et les colères de la planète, ce jour du nouveau calendrier planétaire marque l’an 1 d’un nouveau récit fondateur qui va peut-être sauver l’humanité ! Après les pandémies dramatiques des années quarante, la chute drastique de la biodiversité, la disparition coup sur coup de l’okapi, du gorille des montagnes, de l’albatros des Galápagos, de la loutre des mers, du beluga européen, le l’ibis chauve, du panda roux qui ont ému la terre entière. Après l’effondrement du système capitaliste libéral et l’anarchie mondiale terrible qui a suivi, les représentants de tous les peuples se réunissaient cette semaine à Abuja pour tenter une fois de plus de définir un nouvel ordre mondial. Le risque était réel d’en rester à cette dissonance cognitive classique et immuable qui accouchait « à l’habitude » d’une séduisante déclaration d’intention pleine de compromis, à peine chiffré et sans aucun moyen. Après quelques jours de platitudes affligeantes et de self défenses d’intérêts personnels qui laissaient entrevoir le pire ; il aura fallu la lecture émouvante du plaidoyer des enfants kogis, le flashmob en quasi simultané d’Angélique Kidjo sur le boléro de Ravel, visionné par des centaines de millions d’asociaux, et repris par des centaines de milliers de citoyens dans les rues d’Abuja, pour éveiller les consciences, démarrer enfin cette convention chaude patate et lancer les vrais débats. Après cent vingt-trois heures de débats sans interruption, après un ultra-trail collectif des mots qui n’était pas sans rappeler l’épopée fantastique de Monsieur Smith au Sénat en son temps, après plusieurs heures de méditation collective et de transes chamaniques, l’idée d’une déclaration universel de l’être vivant qui serait placé au cœur de l’organisation sociétale et de la constitution de tous les peuples du monde est apparue comme le premier acte indispensable d’une nouvelle humanité. La vieille déclaration française des droits de l’homme et du citoyen ainsi que la cosmogonie animiste des indiens Jivajos servirent de brouillon et de base de travail à plusieurs dizaines de commissions qui se sont mis au travail immédiatement pendant plus de quatre-vingts heures. Les cerveaux fumaient, le café et le thé furent réapprovisionnés en urgence, des animaux de compagnie arrivèrent pour inspirer et aider les rédacteurs improvisés, des plantes furent aussi acheminées sur site pour répandre leurs spores et leurs parfums afin de stimuler et conseiller les écrivains en herbe, chargés de construire le nouveau récit. L’article 8 sur les limites naturelles du respect de l’être vivant par rapport à sa propre nature et son régime alimentaire suscita nombre de discussions animées mais une synthèse fût trouvée. La reconnaissance de l’âme fût adoptée à la majorité absolue et les représentants anima-sceptiques s’engagèrent à approfondir la question pour aller plus loin dans leur philosophie. L’article 10 trancha, finalement assez facilement, la question des IA et du transhumanisme. Les excès très inégalitaires et les expériences monstrueuses et dangereuses des années trente ont largement convaincu une grande majorité des représentants des limites indispensables à définir sur le champ d’application des IA. Les articles 23 et 24 entérinèrent le revenu universel pour tous les êtres humains. De même, tous les êtres vivants s’engageront à exercer une activité pour participer à l’organisation de la cité, à l’harmonie générale, au bien-être des êtres vivants, suivant leur nature, leur ikigai propre. Les grands représentants insistèrent pour que des critères comme le BNB (Bonheur National Brut) deviennent les seuls critères de richesse d’un peuple, ce qui permettrait non de rentrer dans une compétition mais de stimuler l’ensemble des peuples et donner des idées d’expériences et de pratiques positives. Le monde tenait enfin son texte fondateur ! Il fût naturellement décidé que ce n’était pas une mauvaise blague, un nième poisson d’avril sarcastique ou divin. Nous étions le 32 mars 2050 et demain serait le 1er jour de l’an 1. Extraits choisis : « Préambule à la constitution En dépit de leur apparence distinctive, les plantes et les animaux sont considérés comme de véritables personnes. Article Premier Tous les êtres vivants naissent libres et égaux en dignité et en droits. Tous les êtres vivants doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité, de bienveillance et de respect. Article 2 1-Chacun, dans la mesure de sa condition et de sa conscience, peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment d’espèce, de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion, d'origine planétaire. 2-Chacun devra veiller en toute bienveillance à faire respecter les droits et les libertés des animaux et des plantes. Les modes de communication entre les espèces seront développés pour permettre une cohabitation harmonieuse et fraternelle. Article 3 Tout être vivant a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne, dans la limite de sa propre survie et de son régime alimentaire. Article 5 Nul être vivant ne pourra être maltraité, enfermé, ou mutilé. Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, ou dégradants. Article 7 1-Tout être vivant a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre lui. 2-Tout être vivant a le droit d’être défendu, quelque que soit sa condition. 3-Les êtres humains ont le devoir de s’organiser pour défendre tous les êtres vivants. Article 8 1. Les humains ont le droit de prélever le corps d’animaux lors de la chasse à condition de respecter certaines règles : -en premier lieu ne pas faire souffrir l’animal -manger impérativement tout animal tué, cela permettra à son esprit protecteur de récupérer son âme. La mort accidentelle d’un animal contraindra son meurtrier à le manger afin de respecter son âme. 2. l’utilisation d’animaux ou de plantes à des fins thérapeutiques devra respecter certaines règles contenues dans les droits des êtres vivants et dans le cadre défini par un comité d’éthique international. Article 10 1.Les IA ne sont pas considérés comme des êtres vivants et ne sont donc protégés d’aucun droit particulier. Elles sont au service des êtres vivants afin de contribuer à l’harmonie et au vivre ensemble. Un comité d’éthique international définira les règles, les limites de leurs champs d’intervention et d’application. 2.Le transhumanisme sera encadré par le comité d’éthique et strictement limité à des fins thérapeutiques, lorsque non substituable pas d’autres moyens. Article 11 1. Tout être vivant a le droit d’être ou de circuler librement et de choisir sa résidence. 2. Tout être vivant a le droit de voyager, de partir, revenir, s’installer. Article 16 1. A partir de l'âge nubile, les êtres vivants, sans aucune restriction quant à la race, le genre ou l’espèce, ont le droit de vivre ensemble, le temps qu’il leur plaira, de fonder une famille. Ils ont des droits égaux durant cette phase de vie commune. 2. La vie commune ne peut être conclue qu'avec le libre et plein consentement des êtres vivants concernés. Article 21 1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis. 2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. 3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. Article 23 1. Toute personne a droit à un salaire minimum afin de lui assurer les besoins de base (se nourrir, se loger, être soigné, être éduqué, se cultiver). 2. Toute personne devra en contrepartie jouer un rôle utile dans l’organisation, le bien-être et l’harmonie de la société, rémunéré ou pas, en fonction de sa nature, de son ikigai. 3. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. 4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts. Article 24 Tout être vivant a droit au repos et aux loisirs. Son activité au sein de la société doit lui permettre d’aménager son temps afin d’exercer des activités de méditation, des activités sportives afin d’entretenir son corps, des activités sociales, des activités culturelles qui lui permettront de s’enrichir. Article 26 1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. Il comprendra obligatoirement un module de communication avec les animaux et les plantes. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous. 2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits des êtres vivants et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre tous les peuples et tous les groupes raciaux ou religieux, entre les espèces, ainsi que le développement des activités des Etres Vivants Unis pour le maintien de la paix et de l’harmonie. 3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants. Article 27 1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. 2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur. Article 30 Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un peuple, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. Je suis complètement ivre… de bonheur. Je titute, je marche en crabe, en crabe fou qui va pouvoir rejoindre d’autre millions de crabes fous. La marche insensée des crabes va pouvoir commencer. Je coupais mon écran dans un état de torpeur extatique, un peu groggy, en plein orgasme spirituel, cet épisode de « Brightmirror » était vraiment génial. S’il pouvait être aussi prophétique… Et si tout pouvait partir d’un récit ?

Emmanuel BOBOT

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Référence : BM-PROP-2021-12-484
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