Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
CoviDay 8 - Utilité Sociale
Âgée de 90 ans, ma grand-mère vit seule à Lyon. Férue de lecture, elle a une vie intérieure suffisamment riche pour que je m’inquiète pas outre-mesure, pour l’instant. Ce qui ne m’a bien sûr pas empêché de prendre de ses nouvelles de confinées.
Je voulais notamment savoir quels étaient ses besoins, et si elle avait besoin d’aide pour y subvenir compte tenu de son isolement.
Au terme de la conversation, il est apparu que son besoin le plus important était non pas d’être aidée...mais de se sentir utile.
Il a donc été convenu qu’elle appellerait quotidiennement à heure fixe sa petite fille de 7 ans pour lui lire des histoires.
Satisfaite des deux premières histoires racontées hier, Margot a demandé à sa grand-mère de continuer...Et est donc en ce moment en visio avec sa grand-mère, occupée à rêver. Et sa grand-mère est aux anges.
J’ai récemment publié un sondage dans le groupe des 100 barbares demandant au collectif quels actes de solidarité leur semblaient les plus nécessaires en cette période. La réponse majoritaire, assortie de différentes propositions, fut l’aide aux personnes âgées et fragiles.
Il me semble que nous devrions collectivement revaloriser la fonction d’utilité sociale en cette période particulière.
Dans mon travail, je suis aux contacts d’organisations, parfois de grande taille, qui toutes s’interrogent sur les urgences à traiter en cette période. Dans le jargon, cela s’appelle un PCA, plan de continuité d’activité. Spécifiquement, il s’agit d’identifier les sujets à prioriser pour que l’organisation puisse continuer à servir son dessein (sa raison d’être?) durant le confinement. En prenant également pour les plus petites d’entre elle en compte prioritairement la question de la survie pure et simple (gestion de la trésorerie, paiement des salaires,...)
C’est bien naturel.
Mais ce qui est en train d’émerger comme fonction majeure de ces PCA, c’est la nécessité de conserver l’organisation (l’organisme?) vivant. Et donc d’identifier toutes les modalités permettant à toutes les cellules de cet organisme de continuer à vivre ensemble, et à participer au projet collectif. Certaines de ces cellules (notamment les dirigeants) sont au coeur du réacteur, et en risque de burn-out. D’autres, plus en périphérie , sont en risque tout aussi important de se croire inutiles.
Ce qui semblait accessoire redevient aujourd’hui essentiel. Maintenir le contact humain, dresser un paysage des conditions spécifiques de vie de chaque confiné membre de l’organisme.
Et proposer à tous d’être utiles, d’une manière ou d’une autre. Afin que chacun puisse être aux anges, comme ma grand-mère.
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