Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
Pour me présenter au travers de quelques convictions, je pense qu'en tant que société nous devons impulser des transformations ambitieuses et rapides afin de répondre aux enjeux de notre époque et prendre (enfin) soin des autres et du vivant (je crois que nous sommes nombreux dans ce cas).
Je suis aussi convaincu que l'humain est bon. C'est à dire que non seulement je crois en notre capacité à créer cette société plus équilibrée, mais je pense même que si nous écoutons nos valeurs, nos aspirations et nos convictions alors nous avancerons dans cette direction assez naturellement.
Je pense en revanche que nos modes de vie et notre rapport au travail nous entraînent dans un mouvement perpétuel qui permet peu de (re)connexion à soi, de prise de recul et de remise en question.
Enfin je crois très fort à la puissance de l'exemplarité, notion que j'aime illustrer par une phrase de Thomas Huriez "Arrêtez d'essayer de convaincre et faites des choses convaincantes" ou par la citation de Gandhi "l'exemple n'est pas la meilleure manière de convaincre, c'est la seule".
Du coup, j’ai été de ceux qui, une fois le choc passé, se sont dit que cette période pouvait être une opportunité de réelle reconnexion à soi (au moins pour une partie de la population). En effet, si une partie de la population vit une période particulièrement triste lorsque la maladie touche des proches et une autre est au front de manière particulièrement intense pour faire tenir notre pays et nous permettre de continuer à vivre, je crois que pour les autres (dont moi) les conditions sont propices à l’introspection. Ces semaines de confinement nous font vivre en cercle resserré, le mouvement autour de nous ralentit, nos impératifs et les sollicitations se raréfient, le bruit ambiant diminue et cela peut laisser place à une belle introspection.
Je l’ai souhaité assez vite et cette perspective m’a rendu optimiste alors je l'ai partagé dans un article et j’ai invité ceux qui étaient intéressés à partager une discussion en ligne sur le sujet.
Lors de cet échange, j’ai été frappé de sentir que pour certains participants, il était difficile d’accepter “l’impuissance” dans laquelle nous pouvons nous trouver et le sentiment “d’inutilité” que nous pouvons ressentir en ce moment. Ils semblaient même ressentir une forme de culpabilité qui les empêchait de prendre un vrai temps pour eux. En parallèle, je recevais des propositions, tous les jours plus nombreuses, de bibliothèques de ressources gratuites et de plateformes permettant de s’engager pour (re)devenir utiles pendant le confinement. La nature a horreur du vide.
Si je trouve cet élan de solidarité beau et qu’il me conforte dans ma conviction que l’humain est bon… je crois que cette frénésie me rend un peu triste. J’ai l’impression d’observer une fuite en avant : il faut faire, il faut s’engager, il faut être utile maintenant, tout de suite, comme si nous ne pouvions pas rester où nous sommes sans rien faire. En fait, je crois que cette période nous met face à notre impuissance, notre vulnérabilité et notre interdépendance autant individuellement que sociétalement, et que nous cherchons donc à l’éviter. C’est un sujet qui m'intéresse depuis un moment (notamment depuis la lecture du très bon livre de Daniel Quinn Ishmael) et je crois que le jour où l’humain acceptera cette “vulnérabilité”, il se libérera de beaucoup de choses et pourra avoir une relation plus apaisée avec le reste du vivant.
Sans aller jusque-là , je me demande si aujourd'hui l'acte le plus important que nous pouvons faire n'est pas justement de faire vraiment une pause. Il y a quelques mois, j’ai été marqué par l’idée de Thomas d'Asembourg qui dit qu'il est d'écologie citoyenne de se poser 3 fois par jour la question "comment je vais?". Il parle de citoyenneté car il dit que c'est uniquement en faisant cela individuellement qu'on peut être bien avec les autres. Dans notre situation, une fois dépassée la frustration de ne pas être de ceux qui sont vraiment utiles aux autres pendant cette période... Le vrai pas de côté consiste peut être à réfléchir à ce qui est important pour nous, à comment faire mieux demain ou encore à comment être plus aligné avec nous même après la crise... N'est-ce pas là l'acte le plus important, nécessaire et urgent aujourd’hui ?
Alors qu’on se pense généreux en s’engageant par solidarité, n’est-ce pas là un acte pour fuir le sentiment d’impuissance ?
Prendre du temps pour soi, réfléchir à ce qui nous anime et nous importe, peut-il être un acte généreux ?
...
Oui mais voilà , tout ne se passe pas comme prévu. Après ce temps d’échange en ligne j’ai senti un sentiment très agréable, celui de la satisfaction d’avoir été en mouvement et d’avoir été utile. Je crois que ça m’a vraiment fait du bien et que ça a relâché une tension qui était présente sans que je m’en rende compte. Depuis cet atelier je cours et je ne m'arrête presque pas. J’écris un article pour partager ma réflexion, je construis un atelier pour accompagner une entreprise, je prépare le lancement d’une série de webinaire, je me propose en mentoring pour aider des communautés d’entrepreneurs et quand j’ai finis je recommence dans un autre sens.
En fait, j’ai moins de temps qu’avant le confinement.
J’invite à la pause et je cours.
J’invite à faire quelque chose et je fais l’inverse.
J’invite à être aligné et je manque de cohérence.
Niveau exemplarité on repassera.
Et pourtant c’est une valeur si importante pour moi.
Quelle drôle d’époque !
Je crois qu’il va falloir que je prenne un peu plus de temps pour moi pour regagner cette cohérence.
…
Ou alors, je peux arrêter de prétendre qu’il faut faire de ce confinement un temps de pause.
Tant pis pour l’incohérence (j’espère que vous l’accepterez).
Tant pis pour le message que je voulais porter (d’autres l’incarneront mieux que moi).
Mon Ă©nergie est ailleurs. Elle file.
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