Nos nouvelles vies

Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
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En même temps….

17/12/2021 15:29  

En même temps… Voilà l’expression qui occupe mon esprit en ce moment…

Cette expression phare d’une « nouvelle » génération ultralibérale qui prône le changement à tout crin contre une partie de la population (les « illettrés » et les gilets jaunes notamment) et de cet « ancien monde » que l’on a voulu ringardiser. En même temps… Il y a quelques semaines encore, il fallait tout digitaliser et envoyer valser le contact humain. Le contact humain, cette chose lente qui prend son temps de s’intéresser à l’autre. Alors, depuis trois semaines, cela me hante.

Je ne suis pas malheureux en cette période. Confiné avec ma petite famille à la campagne, nous avons fait le choix de quitter Paris et le vivons très bien. Le petit peut courir dans le jardin, et les grands s’y promener, le supermarché est approvisionné, les voisins sympas et les apéros, chacun de son côté du grillage, de plus en plus fréquents. Ma famille va bien, personne n’est malade.

Quant au boulot, je télé-travaille deux heures par jour. Je suis au chômage partiel et mon boss a gentiment décidé de nous rémunérer intégralement. C’est d’autant plus sympa que mon épouse, elle, ne touche plus rien. Mais bon, nous aurons de quoi nous nourrir et subvenir aux besoins de notre enfant.

Notre enfant, nous en profitons. Nous lui faisons la classe. Première année de maternelle, pas de soucis pour se substituer à sa maîtresse. Ce qui lui manque, ce sont ces amis, l’école, ses grands-parents, le parc et ses deux « amoureuses ». Il aurait aimé fêter ses 4 ans avec ceux qu’il aime et ses copains, faire une surprise party de petit garçon. Alors, pour remplacer ça, j’ai créé une chasse au trésor et l’ai convaincu que ses héros préférés étaient passés la nuit pour cacher un trésor. Je lui ai expliqué que nous avons une chance folle que ses amis parisiens n’ont pas.

En même temps, je ne peux m’empêcher de penser à nos amis parisiens, vivant à 3 ou 4 dans 50-60 m², qui vont de moins en moins bien au fur et à mesure des réunions sur Zoom.

En même temps, je ne peux ignorer la détresse qui s’empare des quelques amis et collègues, seuls chez eux, et qui me disent combien l’absence de contact humain leur pèse.

En même temps, je ne peux ignorer que ma belle-sœur et deux amies se rendent quotidiennement au travail pour s’occuper des enfants des personnels mobilisés. Ma vieille amie, institutrice dans le 5ème ne va pas bien, sa santé est fragile et elle vient d’être alitée.

En même temps, je ne peux oublier qu’une partie des personnels hospitaliers est en grève symbolique depuis des mois. Des mois qu'ils tirent la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail. Bien sûr ils sont applaudis, bien sûr ils sont aujourd’hui estimés et enfin considérés. Mais qu’en sera-t-il une fois la crise finie ?

En même temps, je ne peux oublier que l’on m’a dit d’aller voter alors que tout était fermé. Un ami m’a reproché de ne pas y avoir été. Alors, je le dis haut et fort : NON je ne suis pas allé voter et, NON je ne voulais pas cautionner une élection dans ces conditions !

En même temps, je ne peux rester sourd à ce que j’entends de la désorganisation de l’État, des querelles d’intérêts entre les uns et les autres, de l’impact dramatique à venir sur les entreprises et l’emploi.

Je ne listerai pas tout ce j’ai en tête. Encore une fois, j’ai conscience d’être très privilégié. En même temps, je n’oublierai pas. Que vais-je pouvoir faire à l’avenir pour tous ceux dont on oubliera avec le temps qu’ils ont pris les risques que je ne pouvais prendre puisque je ne suis ni médecin, ni prof, ni chauffeur routier, ni caissier ?

J’espère que la génération « en même temps », qui redécouvre la noblesse des petits et « illettrés », sera balayée avec la même vitesse à laquelle elle a voulu ringardiser « l’ancien monde ».

Je souhaite que cette période dramatique marque profondément les consciences et réveille l’humanisme des générations à venir. Cette expérience me convainc d’une seule chose, celle de devoir apporter une pierre à l’édifice d’un monde qui me corresponde plus, si petite soit-elle. Je suis déjà sur quelques projets. J’ai longtemps été engagé. Ces dernières années, j’ai ralenti. Alors, désormais, je m’y remet et je repars !

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Référence : BM-PROP-2021-12-776
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