Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
Ces quelques nanomètres qui ont changé des vies.
Celles d'un monde au rythme effréné. Celles d'une société libre de vivre et d'agir, celles de tout un chacun.
Des vies et des carrières, des quotidiens et des routines.
Ces quelques nanomètres qui bousculent, qui inquiètent, qui questionnent. Qui plongent des blouses blanches dans un tourbillon incessant, qui imposent le silence dans les rues de Paname, qui obligent à penser autrement, à faire différemment.
Ces quelques nanomètres qui en quelques secondes, en plus de les changer, peuvent les faire basculer, ces vies.
Ta vie a l'air d'avoir changé, maman.
L'expression de ton visage le soir lorsque tu lis le "bilan", comme tu dis.
Quand tu te fâches avec papa parce que tu lui dis que ta place n'est pas ici, et que tu devrais être en train de te battre contre ces nanomètres avec tes collègues qui soignent les maladies. Mais lui aussi doit partir, déguisé en cosmonaute, pour amener les gens chez le docteur de l'hopital, alors il faut bien que quelqu'un nous garde. Bizarre qu'on n'aille pas à la crèche...Pourquoi on n'irai pas chez papi et mamie d'ailleurs? Ca serait chouette.
Mais non, tu es là, toute la journée, avec moi et ma toute petite soeur.
Ma vie aussi a changé, maman.
Je me souviens d'hier.
Cet hier où tu entrais dans me chambre pour me réveiller tendrement. Et Puis....Tu m'emmenes dans la salle de bain, et hop, on enlève le pyjama. Je veux le faire toute seule, maman, vite, on n'a pas le temps, c'est toi qui le fait, pourquoi on met le pantalon rose, je veux le bleu, mais non c'est pas pareil, vite, tu n'as même pas enlevé les boutons de mon pull maman, j'ai la tête qui ne passe pas arrête de tirer tu me fais mal! Vite une couette dans mes cheveux, c'est pas très joli, pourquoi tu me portes dans l'escalier alors que je sais marcher, ah ça va plus vite, d'accord, tu me mets sur ma chaise haute, mon bibi est déjà prêt, chouette, mais où vas tu maman? Tu es partie te laver les dents, bon ben je bois mon bibi alors...ah te voilà, regarde maman, j'ai tout bu! pourquoi tu repars maman, ah oui, tu allumes la voiture pour qu'elle dégivre, il est où mon bibi maman? tu l'as déjà lavé, rangé, hop, me voilà dans le siège auto, met moi la musique des crocodiles maman, allez, s'il te plait, oui je sais, tu n'as pas le temps, de toutes façons on est déjà à la crèche, tu me serres fort maman, oui moi aussi je t'aime, chouette mes copains, tu es déjà partie maman, tu dois aller au travail, tu es en retard, comme chaque matin. Mais pourquoi tu pleures?
Et il y a aujourd'hui.
Tu entres dans ma chambre pour me réveiller tendrement.Et puis...Tu m'emmenes dans la salle de bain, et hop, on enlève le pyjama. je l'enlève toute seule tu as vu maman? Je le mets dans la corbeille de linge sale! pourquoi on met le pantalon rose maman je veux le bleu! ah, le bleu est sale, il faut le laver et je pourrais le remettre plus tard, super, je vaux bien mettre le rose alors, tu me montres comment tu remets les boutons de mon pull?Oh c'est joli cette coiffure maman, merci!Dis, tu me donnes la main, pour qu'on descendes l'escalier ensemble? Chouette, c'est moi qui ouvre la porte du micro onde, il est bon ce bibi, et toi, maman, c'est quoi dans ta tasse?Et si on jouait, maman! Il fait beau, tu veux bien sortir mon vélo? Reagrde comme j'ai progressé, je suis très fière, toi aussi, demain on en refera?
Alors oui, maman.
Je sais ta frustration de ne pas être sur le front à mener cette guerre auprès des autres.
Je sais que tu n'as pas une minute pour toi dans ces journées où tu n'arrètes jamais, et que, quand papa rentre le soir, tu as besoin de sortir un peu seule.
Je sais que du coup, tu ne vois pas beaucoup papa, et que tu te couches très tard pour pouvoir discuter un peu avec lui.
Je sais qu'à peine endormie, il te faudra te lever pour nourrir ma toute petite soeur qui ne dort pas encore.
Je sais que ces petits nanomètres t'inquiètent pour nous, pour le monde, et que tu t'interroges sur demain.
Mais moi qui ignore tout de ce qu'il se passe derrière les murs de notre maison, moi qui ne sait pas ce qu'est la mort, la crise, l'économie, la douleur, l'inquiétude, et bien je les aime ces petits nanomètres.
Parce qu'ils ont mis dehors les mots "vite" et "dépêche toi",et parce qu'ils me font trouver tes bras à chaque fois que j'en ai besoin.
Parce qu'ils me font profiter de chaque moment pour rire, apprendre, jouer et discuter ensemble.
Parceque tu ne fais peut-être plus de sport, mais tu as arrété de courir après ce temps qui semblait toujours te devancer.
Parce que je te vois m'aimer comme jamais, et que chaque regard que tu poses sur moi est rempli de tendresse.
Parce que quoi que tu penses, ta place est bien ici, maman, alors prends là.
Alors moi, oui, je les aime ces nanomètres.
Tu dis souvent qu'il y aura un avant, et un après, et c'est tant mieux.
Pourvu que l'après ne soit pas comme avant.
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: