Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
Viviane
Ce matin j’ai mangé Viviane.
Vous me direz probablement que j’ai bien fait mais je m’en veux un peu.
Viviane venait d’Espagne. Comme ses soeurs elle était toute en rondeur, le teint doré par les premiers rayons de soleil de l’année. En parlant de rayons, on s’était rencontrés aux fruits et légumes de l’Intermarché à deux pas de chez moi.
D’ailleurs, ce n’est plus ce que c’était Intermarché. Maintenant les gens s’évitent. Certains ont développé une étonnante capacité pour mesurer le mètre de sécurité nécessaire dans les files d’attente. Au centimètre près ! Et ils savent le faire comprendre à leurs voisins, en les lorgnant, le teint blafard, souvent caché derrière un masque. Leur hantise, se sont ceux qui semblent volontairement ignorer la consigne. Se rapprochant de leurs voisins de file, sans doute en manque de ce contact physique maintenant proscrit.
C’est en épluchant Viviane que j’ai commencé à ressentir un peu de remords. Pourquoi maintenant ? Je commençais à m’attacher à elle, j’aurais pu éviter ça.
Je me suis arrêté, mais c’était trop tard. Elle allait se dessécher, il fallait la manger.
Finalement Viviane était excellente, sa chaire parfaitement pulpeuse. Ça m’a redonné le sourire. Et puis, il me reste ses soeurs Paola et Coralie.
Et vous, vous attachez-vous un peu plus à vos mandarines depuis le début du confinement ? Ou suis-je le seul ?
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