Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
J'ai 68 ans dans quelques jours, je suis à la retraite et je vis seule. Je gère mon temps presque comme je le veux en me réservant de grands moments tranquilles à rester chez moi et en évitant de trop me frotter aux autres. Et pourtant...
Le soir du jour où le confinement a été mis en place, j'ai senti l'angoisse qui montait : l'angoisse de l'enfermement, l'angoisse de ma perte d'autonomie et de ma liberté ; je me suis sentie en danger comme prise dans un étau contre lequel je ne pouvais pas lutter. J'ai très vite compris bien entendu que cet ordre de confinement n'allait pourtant pas changer grand-chose à ma vie habituelle, alors je me suis raisonnée.
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, je me suis éveillée reposée, détendue et incroyablement bien dans ma peau. Un calme que je n'avais plus depuis longtemps s'était installé en moi et m'apportait l’apaisement que je ne savais plus retrouver dans mon rapport aux autres depuis pas mal de temps.
Je prends soin de moi et, moi qui suis une grande fainéante pour le sport, je fais tous les matins 30 mn de vélo d'appartement suivies d'une vingtaine de minutes de gym douce sur YouTube... et j'aime ça !
J'appelle ou suis appelée au téléphone par des ami.es que je n'ai plus contacté.es depuis de nombreuses années. La joie profonde que j'ai à les retrouver ainsi m'étonne. Dans cet isolement qui pourtant ne me pèse pas, je réapprends le goût de la relation aux autres peut-être parce que je suis libre d'elle.
Le temps a changé : il a ralenti et je savoure chaque heure du jour et chaque chose que je mets en place dans ce nouvel espace.
Cet appartement en HLM que j'occupe depuis 10 ans, je ne m'y suis jamais vraiment habituée car ce fut difficile, après mon divorce, de quitter les maisons que nous avions habitées pour m'installer dans cet immeuble à loyer modéré ! Mon image en a pris un coup même si je ne suis pas du genre à me considérer au-dessus des autres. Eh bien, aujourd'hui je prends la mesure de la chance que j'ai d'avoir un toit dans un quartier calme et je me sens bien chez moi. Il est vrai que l'été dernier j'ai repeint mon salon en rose car c'est une couleur que j'aime et qui m'apaise. C'est un vrai bonheur quand l'après-midi, le soleil s'invitant dans mon salon, j'ouvre en grand la porte-fenêtre (qui ne donne pas sur un balcon, hélas) et que je vois les grands chênes se couvrir de feuilles et devenir de plus en plus beaux au fil des jours. Des mésanges viennent nicher dans une petite cabane que j'ai accrochée à la barrière.
Quand j'y pense, ce confinement me permet d'échapper aux rares, mais encore trop nombreuses à mon goût, obligations que j'ai en temps normal et j'adore ça : j'ai la conscience tranquille de ne pas devoir faire...
Bien sûr que ce COVID-19 est inquiétant d'autant que mon fils et sa famille habitent en Chine et que ma fille est puéricultrice à La Réunion ! D'autant également que, si les crises réveillent le meilleur, elles exacerbent aussi le pire chez les gens et voir leur égoïsme, leur égocentrisme, leur bêtise et leur manque de maturité ne me rassure pas sur l'avenir.
Et pourtant, au plus profond de moi j'ai confiance et je me dis que pour toutes nos sociétés qui vivent le même danger en même temps c'est le moment de briser le cercle infernal de l'argent qui a pris le pas sur l'humain, sur la conscience professionnelle, sur le goût du travail bien fait, sur le respect de soi et des autres, sur la créativité et l'imaginaire, sur le sens de la responsabilité, sur toutes ces qualités fondatrices de nations solides et honnêtes.
Espérons que le renouveau sera là comme une renaissance !
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