Empreinte numérique

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Source: {"body":"Vidéo1 : https://www.youtube.com/watch?v=nfkJahcMEBA\r\n\r\nLa première fois qu'il l'avait rencontrée, c'était en arrivant au travail, un vendredi en début d'après-midi. La lassitude de la semaine se cachait mal dans ses yeux contractés. Tout d'un coup, tout le monde s’était retourné sur son sourire en en cherchant la mystérieuse origine. Elle était là, tout près de lui, le visage caché par le carton d'un gobelet recyclable. Rose jouait avec la dernière goutte de café. Le premier réflexe qu'il eut fut de la photographier à son insu. Cela lui valut d'être suivi par des dizaines de petits sourires intrigués. Une larme de poésie était venue se nicher au coin de son œil droit : il venait de rencontrer Rose pour la première fois.\r\n\r\nOu en tout cas c’était ce qu’il avait cru. Maintenant qu'il y réfléchissait, il lui semblait l'avoir déjà vue. Une fois, sur le pont qui lui faisait traverser la Seine, il avait aperçu son regard perdu entre des pensées jaunes et violettes.\r\nEn réalité, Rose avait toujours été là. Avec le temps il avait appris à la remarquer. Ils avaient tous les deux un monde en partage dont il ignorait tout. Lors de cette première rencontre officielle, Rose s'était déclarée à lui par une série de petits cris. Elle lui avait tendu le gobelet et fait couler la dernière goutte de café jusqu'à ses lèvres. Il se disait que cette goutte était sacrée. Aucune gorgée ne pouvait la saisir. Il fallait la désirer seule et la faire couler patiemment à la surface des récipients abandonnés avant de la recueillir. Autrement, elle finissait échouée dans les poubelles, parmi les détritus d’une consommation hâtive.\r\n\r\nVidéo 2 : https://soundcloud.com/user-125696263/mazalni-maaak/s-K0KYW\r\n\r\nLorsque la goutte coula dans la gorge d'Hector, elle avait le goût rance et froid d’un vieux café oublié. Ce Vendredi après-midi, Hector ne revint pas travailler au bureau, il prit Rose sur son épaule et suivit ses indications. Elle l'emmenait virevolter sur la Seine, parmi les arbres défigurés par l'hiver, les coureurs et les soulards. En voguant ensemble, ils atterrirent dans un petit café de quartier et s’assirent seuls à la terrasse vidée par le mauvais temps. Lorsqu’ils prirent place, des serveurs bien intentionnés cherchèrent à les séparer. Ils ne pouvaient pas se douter que c’était Rose qui avait montré le chemin à Hector. S’ils l’avaient su, ils l’auraient peut-être remerciée. D’un petit geste de la main, Hector expliqua qu'il préférait que Rose reste. Personne ne craignait rien. Les corneilles n’avaient jamais tué personne à ce qu’on sache.","title":"Larme de café "}

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