Empreinte numérique

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Source: {"body":"15 janvier 2050. Je lisais tranquillement à la maison lorsque j'entendis des cris dans la chambre de mon fils. Je courus immédiatement, ouvris la porte et réalisai que mon fils faisait un cauchemar, pauvre petit bout. Je le réveillai aussitôt et le pris dans mes bras afin de le tranquilliser. T’inquiète pas mon chéri, je suis là, c’est ton papa, oui, tout doucement, làaaa... Je lui soufflais dans le cou, un souffle chaud et protecteur, ça le consolait d’un coup, c’était magique. Rien de bien grave, ces petites angoisses étaient fréquentes. En fait, elles se manifestaient chaque nuit qui suivait son retour de l'école. Païkan, mon fiston, faisait des mauvais rêves après le transfert, on s'y était habitué. Il suffisait de lui souffler dans le cou, de le prendre dans mes bras, et de le consoler quelques instants. Les craintes disparaissaient aussitôt.\r\n\r\nPour être plus précis, il ne s'agissait pas véritablement de craintes, mais de confusion mentale. Le cerveau de Païkan réagissait comme dans un syndrome de Tourette, surstimulé par un excès d'activité cérébrale. On eût dit une soupière en ébullition qui déborde. Le pauvre, s’il savait que je le comparais, réflexe de dérision, à une cocotte-minute… Père indigne. Heureusement que ça n'arrivait pas tous les jours. Pour être franc, les cauchemars ne troublaient le sommeil de mon fiston qu'une fois par trimestre, le soir même qui suivait son passage-éclair à l'école. D’ailleurs, depuis quelques années, l'école, qui ne s’appelait plus l’école, n'était fréquentée que quelques heures tous les trois mois par la jeune classe.\r\n\r\nEn vérité, il était plutôt question d'une clinique. L'enseignement relevait d’une pratique de greffe informatique, les écoles d’antan avaient toutes fermé. L’éducation était devenue une branche de la nano-biologie. Tous les trois mois, les gamins étaient accueillis dans des centres hospitaliers spécialisés, aux couleurs bariolées. Les personnels, toujours attentionnés, ressemblaient à ces vieilles figurines Playmobil. On restait là quelques heures pour un upload massif de data composés de savoirs multilingues, transculturels et parfaitement multidisciplinaires. Un état transitoire de connaissances universelles dont la durée de semi-vie était d’un trimestre : la moitié des compétences acquises par le gosse serait en effet obsolète en douze semaines, l’autre moitié serait engrammée plus durablement.\r\n\r\nEt il fallait compter, le soir du transfert, avec les effets secondaires d’un trop-plein d’informations cérébrales. Mon petit Païkan réagissait comme il pouvait, pauvre sauvageon. Je me rassurais comme je pouvais, en me disant que jusqu’à présent, les cauchemars avaient toujours cessé le lendemain, fallait-il vraiment s’inquiéter ?...\r\n\r\nFrank Escoubès\ngid://initial/Decidim::Hashtag/4/_IA","title":"(Scénario sans-titre 8)"}

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