Nos nouvelles vies
Construire ensemble un futur positif
[Voici une courte histoire personnelle, et quelques réflexions sur ce que nous fait ressentir cette situation si particulière]
Un dîner qui tourne au débat
Il y tout juste un an, je retrouvais des amis pour le dîner (ah, qu'il semble loin ce temps là !).
La conversation, plutôt légère au début, avait abouti sur un débat des plus intéressants : "lorsqu'on se réclame d'une identité, d'une appartenance quelconque, est-ce pour soi, ou contre les autres ?".
A mon sens, cela n'était même pas un débat ! être fier d'une appartenance - que ce soit s'identifier à un pays, faire vire des coutumes locales, ou militer dans une communauté sur internet - était une démarche éminemment positive et personnelle.
Telle n'était pas ma surprise quand Aleph, un de nos amis et brillant sociologue, intervint pour nous dire "Mais bon sang, bien sûr que l'on s'affirme toujours en réaction ! Proclamer une identité, c'est toujours contre quelque chose ou quelqu'un"
J'étais stupéfait, mais j'avoue que je voulais en savoir plus. Et plus il nous présentait sa vision, plus je commençais à y croire. Surtout lorsqu'il renchérit en nous parlant des tribus primitives, du processus de création des États-Nations, ou même des équipes de foot dans un championnat. Dans tous ces exemples, l'opposition à l'autre appartenance jouait un rôle crucial.
Si choisir c'est renoncer, s'affirmer, c'est s'opposer
Il ne s'agissait nullement pour mon ami de prouver le caractère négatif de l'expression d'une appartenance, mais bel et bien de nous faire réaliser la nécessaire et réelle opposition que comportait ce geste d'affirmation.
Je restais tout de même circonspect. "Mais alors, comment renforcer l'unité humaine, qui scellerait réellement le sentiment d'aventure collective ?" Rétorquai-je.
Et Aleph de répondre, avec un cynisme que je ne pouvais mieux qualifier : "la seule solution à mon sens, serait une attaque extra-terrestre". Un grand blanc se fit sentir, puis un rire mêlé d'incertitude et de complicité éclata. Et la conversation dériva sur des sujets plus légers.
Aleph avait été brillant ce soir là, il nous avait tous convaincu. Mais il lui avait manqué un élément pour être vraiment visionnaire : la solution, qui pourrait peut-être permettre de créer ce sentiment de solidarité entre les humains, n'était pas forcément extérieure à notre planète.
Vous me voyez venir... Et si, malgré la terrible situation que nous vivons actuellement, nous profitions de ce virus, attaque décidée par aucun être humain de cette planète, pour enfin nous rassembler ? Réellement ?
Ce qui est sûr, c'est que ce virus n'a pas d'âme. Lui, il ne se propage pas délibérément contre nous. Même Aleph en conviendrai !
Unité unité, vous avez dit unité ?
Pour la première fois nous avons l'occasion de tous nous unir, de proclamer haut et fort notre unité, contre ce fléau, sans porter atteinte à rien de précieux, ne rien heurter de vivant ! (Même le plus radical des anti-spécistes ne saurait accorder une importance éthique à ce virus au prétexte qu'il pourrait être qualifié d'être vivant...)
Nous humains, allons-nous être à la hauteur de ce que nous pouvons accomplir ? Pleurer chacun des morts, s'exalter en même temps, aux mêmes joies, se sentir portés par un sort commun ? C'est le sort qui fait l'aventure, alors façonnons-la, cette aventure collective !
Merci Aleph pour tes éclairages.
Humains, marchons tous ensemble vers le monde de demain, car il sera trop cruel pour chacun de nous y aille seul.
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