La gouvernance de l'IA

#IA Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
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La spécificité humaine

16/12/2021 09:56  

15 janvier 2050 : je suis assise paisiblement chez moi en train de relire mes carnets rédigés dans les années '10... Il y a près de 40 ans... A l'époque on s'interrogeait sur l'intelligence artificielle, certains l'attendaient avec impatience, d'autres craignaient son arrivée et ses implications. Je me souviens avoir lu Asimov, Clarke, Dick, Gibson... avoir vu et revu les films Matrix, Her, 2001, Ghost in the shell, la série Startrek...Et finalement nous y sommes. L'IA, qui nous assiste et est présente partout dans nos vies, de la naissance à la mort. Contrairement à la majorité des croyances de l'époque, que j'avais soigneusement répertoriées dans mes calepins électroniques, l'IA d'aujourd'hui n'est pas androïde, elle est plutôt une évolution des anciens assistants, iPad et tablettes. Un assistant devenu de plus en plus intelligent, programmé pour gérer pour nous les tâches récurrentes domestiques par l'intermédiaire de l'électroménager connecté. Des assistants qui ont intégré nos postes de travail, réalisant pour nous les tâches techniques et récurrentes en intégrant des milliers de paramètres et nous libérant des tâches trop complexes pour le cerveau humain : calcul de budgets d'entreprises, évaluation des prises de risque, automatisation des chaînes de production, mais aussi compétences linguistiques, optimisation des flux de ressources et fonctionnement de nos démocraties... Ce faisant, l'IA nous a libéré du temps : une heure par jour, puis deux, puis trois... peu à peu les humains ont cessé de compenser systématiquement ce temps gagné par plus de travail, pour laisser la place à plus de temps personnel et plus d'investissement communautaire. Aujourd'hui le travail qui n'est pas réalisé par l'IA correspond finalement essentiellement aux besoins qui requièrent des compétences que l'IA ne peut avoir : les travaux créatifs, ceux où l'imagination et la sensibilité humaine unique est indispensable ; et la créativité humaine... demande du temps, de l'espace et de la liberté. Tout cela est désormais offert par la prise en charge des tâches non créatives par l'IA. Bercée doucement dans mon hamac adapté à mes os de 80 ans restaurés, je rêvasse... Il y a encore 30 ans, on craignait que l'IA remplace nos emplois, qu'elle renforce la pauvreté et les inégalités par sa capacité à produire à bas coûts. Ce qu'on n'avait pas anticipé, c'est qu'en optimisant les systèmes, en rationalisant les ressources et en fournissant à coût très bas tout le travail non spécifique aux humains, l'IA avait fait faire d'énormes gains de temps et d'argent aux systèmes privés et publics. L'État a instauré le revenu universel. Les entreprises ont revu les plans de charge de leurs employés. Le bien-être s'est amélioré. Et qu'ont fait les humains de tout ce temps libre ?... pas la guerre, non; pas de l'oisiveté non plus... tout simplement : DE L'ART ! Une immense vague de mode couvrant tous les types de création artistique possible et imaginable a déboulé dans les réseaux sociaux, de manière virale. Le principe est simple : si c'est la créativité et l'imagination qui nous différencient de l'IA, alors exacerbons notre spécificité ! Ainsi tout était permis. Les internautes ont essayé toutes les formes d'art depuis chez eux, sur le style du système D : musique, peinture, chant, danse, cinéma, sculpture... mais aussi décoration, jardinage, sport, spiritualité... toutes sortes de performances, à condition qu'elles impliquent l'imagination et fassent jouer les émotions. Des coachs en développement artistique ont fait leur apparition, les gens ont transformé leurs habitations, décoré les rues, partagé leurs œuvres... en l'espace de six mois ma rue, où mon époux et moi avons choisi de rejoindre un logement collectif inter-générationnel, initialement si classique, béton gris ou clair sur route noire, s'est transformée : les voisins d'en face ont lancé la tendance en peignant leurs murs de belles arabesques multicolores, les enfants ont tagué la route, d'autres riverains ont accroché toutes sortes de sculptures à leurs balcons et fenêtres, utiles ou décoratives, cela n'avait pas d'importance ! Dans notre espace collectif, nous avons changé la décoration, cherchant tour à tour l'abat-jour excentrique ou la fresque qui témoignerait le mieux de notre liberté de penser différemment... Plus personne n'a hésité à faire part de son excentricité et de son unicité. Le monde humain est devenu plus coloré, plus joyeux, évoluant de manière singulière dans une société assistée en permanence par l'IA. Je repris mes lectures des années 2010... J'ai toujours pensé que s'il y avait une seule chose qui définissait les êtres humains, ce serait notre capacité à ressentir des émotions, avec tellement de nuances et tellement d'intensités différentes. Des émotions qui nous construisent, font ce que nous sommes de meilleurs comme ce que nous sommes de pire. Dans l'histoire pré-IA, ces émotions nous empêchaient de vivre heureux ; renforcées par notre incapacité à communiquer correctement, elles étaient à l'origine des guerres, conflits, disputes, crimes, et distordaient toutes nos tentatives de rationalisation des systèmes. L'IA nous a aidé à mieux les accepter et à mieux les gérer. Désormais, nos émotions sont un atout, un plus, elles nous font rayonner. Elles sont ce qui nous rend humain.

Nadège Austin
#IA

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Référence : BM-PROP-2021-12-256
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