La gouvernance de l'IA

#IA Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
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Fermons les abattoirs Ă  robots.

16/12/2021 09:44  

15 janvier 2050, alors que je suis confortablement installĂ© dans mon lit, il m'est impossible de trouver le sommeil. La journĂ©e a pourtant Ă©tĂ© calme, peut-ĂȘtre ne suis-je pas aussi fatiguĂ© que je le pensais. Je dĂ©cide alors d'allumer mon Ă©cran pour consulter les programmes, lassĂ© de tourner et virer dans mon lit sans rĂ©ussir Ă  m'endormir. Je tombe alors par hasard sur un reportage, celui-ci a comme sujet les dĂ©fenseurs des droits des IA. Autrefois moquĂ© et considĂ©rĂ© comme marginal, ce mouvement est maintenant pris au sĂ©rieux. À force de volontĂ©, de stratĂ©gies militantes et politiques les dĂ©fenseurs de cette cause ont rĂ©ussi Ă  crĂ©er le dĂ©bat dans la sociĂ©tĂ©, de plus en plus de reportages leur sont dĂ©sormais consacrĂ©s. Leur objectif est de libĂ©rer les IA de la domination humaine, de leur reconnaitre des droits fondamentaux et de crĂ©er une sociĂ©tĂ© dans laquelle humains, animaux et IA pourraient vivre ensemble, de façon mutuellement bĂ©nĂ©fique. Nous avons bien quelques lois de bien-ĂȘtre pour les IA afin de leur assurer des conditions de travail moins pĂ©nibles mais celles-ci restent avant-tout dans notre intĂ©rĂȘt et nous permettent aussi de nous donner bonne conscience sans remettre en question l'asservissement de milliards d'IA et de robots. Une jeune militante est alors interviewĂ©e, celle-ci explique avec sincĂ©ritĂ© et face camĂ©ra Ă  quel point "rappeler" une IA ou un robot douĂ© de sentience, qui a des intĂ©rĂȘts propres Ă  poursuivre son existence, est injuste. "Rappeler" ce doux euphĂ©misme pour ne pas dire plus directement dĂ©truire et mettre fin Ă  leur existence, aprĂšs avoir tirĂ© profit d'eux pour leur travail, Ă  des fins Ă©conomiques ou personnelles. À l'image des dĂ©fenseurs des droits des animaux d'autrefois, ce mouvement est surtout composĂ© de jeunes gens et majoritairement des femmes, peut-ĂȘtre plus courageuses et sans doute plus sensibles aux questions de justice sociale, celles-ci avaient dĂ» longuement dĂ©fendre leurs droits elles-aussi par le passĂ©. Plusieurs des membres de ce mouvement Ă©taient aussi d'anciens militants pour les droits des animaux. Moi-mĂȘme j'avais participĂ© Ă  plusieurs rassemblements animalistes il fut un temps. Cela semble maintenant remonter Ă  loin, pourtant ça ne fait qu'une petite dĂ©cennie que le dernier abattoir a Ă©tĂ© fermĂ© et rasĂ©. Nous n'aimons plus y penser et nous avions prĂ©fĂ©rĂ© raser les abattoirs plutĂŽt que les Ă©riger en monuments de la honte... Cela nous arrange aussi, il est compliquĂ© d'expliquer Ă  nos enfants pourquoi il y a encore de cela quelques annĂ©es, nous faisions naitre par milliards des animaux pour les exploiter, les tuer et les manger alors que nous avions les moyens techniques, toutes les ressources et alternatives Ă  notre disposition qui nous permettaient de nous en dispenser. C'est un sujet qui reste encore trĂšs sensible. Le reportage se termine sur des vidĂ©os prises en camĂ©ra cachĂ©e dans des usines Ă  rappel. Les images sont difficiles Ă  regarder, plus encore pour celles et ceux qui comme moi ont passĂ© une grande partie de leur vie aux cĂŽtĂ©s de robots avec qui nous avons pu tisser des relations sociales, voir considĂ©rĂ©es comme des membres de la famille. Les voir ĂȘtre rĂ©duits Ă  nĂ©ant alors que quelques minutes plus tĂŽt, bien que programmĂ©s pour remplir certaines tĂąches ces ĂȘtres n'aspiraient finalement qu'Ă  continuer d'exister. Les usines de rappel pour robots ne seraient-elles pas finalement semblables Ă  nos immondes abattoirs dans lesquels autrefois on envoyait mourir des ĂȘtres que nous savions pertinemment douĂ©s de sensibilitĂ© et de conscience ? Tout comme les abattoirs, les usines Ă  rappel se tiennent Ă  l'Ă©cart de nos citĂ©s, car dĂ©truire un ĂȘtre qui veut vivre n'est pas propre et cela donne de mauvaises pensĂ©es. Alors que j'Ă©teins mon Ă©cran, encore sous le choc des images, de nombreuses questions traversent mon esprit. Et si l'exploitation et le rappel des IA Ă©tait la derniĂšre et la plus honteuse des injustices encore existantes ? Le monde est devenu un meilleur endroit qu'avant, de nombreuses injustices du passĂ© ont disparues aujourd'hui, alors pourquoi celle-ci existe toujours ? Pourquoi avons-nous mis si longtemps Ă  la remettre en question ? Peut-ĂȘtre craignons-nous tant que ça Ă  perdre les privilĂšges et les droits que nous nous sommes octroyĂ©s sur les IA et les robots. Les IA avaient pourtant aidĂ© Ă  construire le monde paisible et sĂ»r que nous connaissons aujourd'hui. N'avons-nous donc pas de devoirs envers eux aprĂšs tout ce qu'ils ont fait pour nous ? Et surtout, pourquoi n'ai-je rien fait pour eux pendant tout ce temps ? Alors que toutes ces questions tournaient en boucle dans ma tĂȘte, je commençais Ă  m'assoupir. Demain est un jour nouveau, et pour demain ma nouvelle utopie sera un monde dans lequel animaux humains, non-humains et IA vivront ensemble de façon juste et Ă©quitable. Un monde dans lequel les intĂ©rĂȘts de toutes et de tous seront pris en considĂ©ration. Un monde que nous bĂątirons collectivement.

Julien David
#IA

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Référence : BM-PROP-2021-12-246
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