La gouvernance de l'IA

#IA Construire ensemble un futur positif

Étape 3 sur 3
Publication 15/07/2021 - 15/12/2022
Voir les étapes

Et l’IA créa la femme…

16/12/2021 09:42  

Depuis 20 ans, le quantified self préoccupation de la première moitié du siècle a muté : grâce à l'IA nous avons toutes et toutes la possibilité de créer des répliques de nous-mêmes au mieux de ce que pensons être notre accomplissement. Plus souple, plus mordant, plus vif, plus discret, plus silencieux, plus explosif ou provocant. Plus altruiste, plus combatif, plus malin. Suivant les rencontres, les situations, le contexte, l'IA peut modeler notre persona, notre cerveau fait appel à l'un de nos personnages, ceux que nous avons forgés au fil de notre vie. Sans compter les deux ou trois robots - pas plus, sinon ingérable – qui peuvent nous représenter pour les situations de moindre importance. Qui veut se déplacer encore se pour des tâches subalternes ou pour une convocation de routine – comme il y en a encore trop. Une perte de temps sur le temps de créativité devenu essentiel. Quand je pense à avant, quand on devait faire avec ce que la nature nous avait donné : trop littéraire, pas assez scientifique, trop introvertie, ou extravertie, impudente disaient certains. La culpabilité, la frustration de ne pouvoir répondre à tout ce qu'on peut attendre d'un être humain éveillé, créatif, sociable, avec cette part de séduction magique, « intelligence is sexy », ce charisme lumineux… Dès que j'ai compris le parti à tirer de l'IA, je m'y suis collée. J'ai fourni la machine learning en données, en vérités, en mensonges, en espoirs, en peurs, en hésitations, en croyances. J'ai dit quelle femme je voulais devenir dans différents contextes. Y compris dans les situations d'attaques, physiques mentales. Et là, j'ai subi une chirurgie esthétique du cerveau, tellement plus capitale que n'importe quelle transformation physique. L'entente avec autrui en a été décuplée ; au moins. Plus de malentendus, de sous-entendus, de mini drames inutiles, de pièges dans lesquels on tombe quand on découvre que « l'enfer c'est les autres », avec leurs différences insoupçonnées, leurs attentes qui ne correspondent pas ou plus aux nôtres. Le détecteur de pièges fonctionne parfaitement. L'IA m'avertit de l'insincerité, et me fournit le personnage de composition adéquat, gommant ainsi mes envies de meurtres face au mensonge. La ruse plutôt que la violence, la métis, l'intelligence des grecs, celle d'Ulysse dans son périple. L'écoute plutôt que la prise de parole à tout va, qui l'eut cru. L'IA m'a insufflé l'art de me taire. Mais là aujourd'hui, février 2050, je suis perplexe quant au choix que je dois faire face à un homme dont la complexité m'échappe, quel personna dois-je lui montrer, quelle femme en moi va l'intriguer, le challenger ? Il a soigneusement effacé toutes les données le concernant. Et il avance masqué. Le personnage qu'il m'a présenté est un fake, je le sais. Impossible d'en savoir plus. Je suis obligée de faire appel à ce qu'il y a de plus profond en moi, mais quoi ? Intuition, émotion, mon cœur bat. 19H, dans quelques minutes je serai face à lui, mais quel lui ? QUI est-il vraiment ?

Janique Laudouar
#IA

0

Référence : BM-PROP-2021-12-242
Numéro de version 1 (sur 1) voir les autres versions

Partager:

Lien de partage:

Veuillez coller ce code dans votre page:

<script src="https://decidim-demo4.intelligence-collective.io/processes/gouvernanceIA/f/26/proposals/242/embed.js"></script>
<noscript><iframe src="https://decidim-demo4.intelligence-collective.io/processes/gouvernanceIA/f/26/proposals/242/embed.html" frameborder="0" scrolling="vertical"></iframe></noscript>

Signaler un contenu inapproprié

Ce contenu est-il inapproprié ?