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#Élysée 2027 Building a positive future together

Phase 3 of 3
Publication 2022-02-17 - 2022-03-10
Process phases

Le Conseil national de la Résillience

28/03/2022 08:10  

Prénoms des auteur.e.s : Judith Ferrando

6 mai 2027, 8h15. Je me rase devant la glace de ma petite chambre, dans mon foyer d’hébergement. Dans une heure, je dois être à Matignon, pour la réunion hebdomadaire du comité citoyen d’orientation en Conseil des Ministres. J’y siège depuis 5 mois, comme 20 autres citoyens tirés au sort. Dans un mois, la moitié d’entre nous cédera sa place à d’autres. Un gars de la rue qui veille à ce que les orientations citoyennes soient bien la boussole de l’action des ministres ? Qui aurait cru cela possible il y a cinq ans ?
Il aura fallu le grand crash démocratique de 2022 : la guerre en Ukraine nous avait fait prendre conscience dans la douleur que nos choix énergétiques n’étaient plus tenables, notamment pour les plus pauvres. Plus que jamais la sobriété énergétique devait être une priorité. Mais qui oserait en faire un objet de conversation publique, annonçant qu’il nous faudrait renoncer à tout ce que nous avions cru comme acquis : l’énergie à volonté, la vitesse, la consommation des ressources comme si elles étaient infinies.
En 2022, moins d’un électeur sur cinq s’était déplacé dans les urnes. Les Français avaient voté avec leur pied, exprimant leur usure d’un système politique perçu comme inutilement complexe, sourd et aveugle, insensible à l’accroissement des inégalités dans un pays qui est le 7ème pays le plus riche du monde. Le pays était en panne et le moral en berne. Et moi, chômeur en fin de droit, passablement déprimé par deux ans de pandémie, j’avais dévissé et m’étais retrouvé à la rue.
Alors de nombreuses associations humanitaires et environnementales se sont unies et sont allés voir le nouveau Président, si mal élu, pour demander qu’on fonde un Conseil national de la résilience, avec la société civile et des citoyens tirés au sort, pour remettre à plat les objectifs des politiques publiques autour de quelques grandes priorités : la lutte contre la pauvreté, l’égalité réelle, la participation démocratique active, une transition écologique rapide et pourvoyeuse d’emploi. En 2024, le plan national « Priorités pour notre avenir » a été adopté comme boussole pour toute l’action publique. Un retour à l’essentiel. Et pour veiller à ce que sa mise en œuvre soit rapide et ne se perde pas dans les méandres technocratiques ou dans les arguties politiciennes, des comités citoyens d’orientation locaux et nationaux ont été mis en place, pour un dialogue continu avec les pouvoirs publics.
Et c’est ainsi que j’ai été tiré au sort, alors que j’étais en foyer temporaire. La discussion avec les ministres est tantôt vive, tantôt apaisée. On s’est apprivoisé, grâce à la formation commune que nous avons eu cet été, avec de très nombreux chercheurs. Certains ont même lâché la cravate. Dans notre comité, Faouzi est le plus intransigeant, il faut dire qu’il a 17 ans et a été tiré au sort pour parler au nom de la biodiversité. Il prend sa responsabilité très à cœur et questionne toutes les décisions : ce projet de réhabilitation des friches industrielles aura quel effet sur les sols ? quelle place pour le végétal ? Il forme un sacré duo avec Pierrette, 76 ans, qui a été tirée au sort au nom des générations futures. Allez, il faut que je me presse, car en plus aujourd’hui, la première ministre nous apporte un cake au citron maison, il parait que c’est la spécialité de son mari.

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Reference: BM-PROP-2022-03-939
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